Pour écrire un récit cohérent et facile à comprendre, les auteurs suivent ce qu’on appelle le schéma narratif. Celui-ci est un ensemble d’étapes qui structurent le récit. Il n’est pas appliqué à tous les récits, mais on le retrouve dans les contes, les nouvelles, les récits courts en général, ainsi que parfois dans les romans et les pièces de théâtre.
Le schéma narratif en 5 étapes
Un récit structuré d’après le schéma narratif suit les étapes suivantes :
- situation initiale
- élément déclencheur (ou perturbateur)
- péripéties
- élément de résolution
- situation finale
Les cinq étapes doivent absolument se suivre dans cet ordre, sans quoi le lecteur a du mal à comprendre l’enchaînement des actions du héros. Voici un petit résumé pour chacune des étapes :
Situation initiale : le héros (ou l’héroïne) vit sa petite vie, heureuse ou malheureuse, dans un endroit donné. L’auteur nous donne des indications pour qu’on se représente la vie normale de ce personnage.
Elément déclencheur ou perturbateur (on dit les deux) : tout à coup, soudain, il se passe quelque chose qui va bouleverser la vie du héros ou de l’héroïne. C’est un vrai coup de tonnerre dans son existence. Cet événement va changer sa manière de voir les choses, et il ou elle va alors se mettre en quête. Cette quête peut consister à sauver quelqu’un (ou l’humanité, comme dans les films catastrophe), à obtenir quelque chose de précieux (la célébrité, la liberté, l’amour, etc), ou à surmonter un obstacle (une maladie, une perte, un défi, etc).
Les péripéties sont au coeur du récit : ce sont tous les obstacles que le héros ou l’héroïne doit surmonter pour réussir sa quête.
L’élément de résolution intervient un peu avant la fin du récit : c’est ce qui permet au héros ou à l’héroïne de réussir enfin sa quête, après toutes ses aventures.
La situation finale est un retour à la normale : le héros ou l’héroïne a atteint son objectif, il reprend une vie « tranquille », en intégrant les changements liés à la quête qu’il ou elle a poursuivie.
Un exemple de schéma narratif dans un conte
Prenons un conte que tout le monde connait : La belle au bois de dormant (il en existe deux versions célèbres : celle de Charles Perrault, en 1697, et celles des frères Grimm, en 1812). L’adaptation cinématographique la plus récente est celle du film Disney intitulé « Maléfique« .
La situation initiale est celle d’un roi et d’une reine qui viennent d’avoir un bébé, une fille, et en sont très heureux. Le bébé doit bientôt être baptisé et, à cette occasion, des fées sont invitées. Ces dernières offrent à la petite fille de nombreux dons : la beauté, la grâce, la gentillesse, etc.
L’élément perturbateur intervient quand, tout à coup, une méchante fée (furieuse de ne pas avoir été invitée au baptême) lance un mauvais sort à la petite fille : quand elle aura quinze ans, elle se piquera le doigt sur un fuseau (un outil dont on se servait il y a très longtemps pour fabriquer de la laine) et en mourra. Heureusement, une bonne fée présente transforme cette malédiction : la fille du roi et de la reine ne mourra pas si elle se pique le doigt, mais sombrera dans un profond sommeil pendant cent ans, et ne sera réveillée que par le fils d’un roi. La quête est donc double : faire en sorte que la fille du roi échappe à cette malédiction, et, au cas où cela échouerait, faire en sorte qu’un prince vienne la réveiller. Dans ce conte, ce n’est pas l’héroïne qui poursuit la quête, mais son entourage.
Les péripéties de ce conte sont peu nombreuses. En voici la liste :
- le roi fait interdire toute utilisation d’un fuseau à tout son royaume, sous peine de mort.
- la princesse grandit joyeusement et se fait aimer de tous tant elle a de qualités.
- mais le jour de ses quinze ans elle s’aventure dans un coin reculé du château, où une vieille femme est en train de filer la laine avec un fuseau (car elle n’était pas au courant de l’interdiction). La princesse de pique le doigt et tombe dans un profond sommeil.
- la fée qui avait réussi à transformer la malédiction fait en sorte que tous les habitants du château s’endorment eux aussi pour cent ans (pour soulager leur peine). Personne ne vieillit grâce à cette magie.
L’élément de résolution arrive sous la forme d’un prince qui, cent ans après que tout le monde se soit endormi, arrive par hasard au château. En voyant la princesse étendue, il tombe aussitôt amoureux d’elle et lui donne un baiser. La princesse s’éveille, ainsi que toutes les personnes du château.
La situation finale est celle qu’on retrouve dans les contes de fées : le prince et la princesse se marient et sont très heureux. Le sortilège est terminé.
A quoi sert le schéma narratif ?
Vos professeurs vous demandent souvent de connaitre le schéma narratif et de le retrouver dans les histoires qu’ils vous donnent à étudier. Pourquoi ? Comme je l’ai expliqué au début, le schéma narratif est très utile pour construire une histoire. Si vous écrivez une histoire en respectant le schéma narratif, vous êtes sûrs qu’elle sera cohérente, que les actions s’enchaineront avec logique, et donc qu’elle sera facile à comprendre. Étudier le schéma narratif et le retenir est donc un bon moyen d’apprendre à construire des récits cohérents.
De plus, quand on sait distinguer les principales étapes d’un récit simple (avec le schéma narratif), on devient petit à petit capable de distinguer les étapes de récits plus complexes, comme les romans ou les pièces de théâtre, ou les étapes d’un texte qui n’est pas un récit. La structure (l’organisation des étapes) d’un texte est un élément extrêmement important pour bien le comprendre.
Analyser le schéma narratif du conte « La petite fille aux allumettes » d’Andersen
Voici un autre conte à écouter, qui s’appelle « La petite fille aux allumettes ». Ta mission, si tu l’acceptes, consiste à en retrouver le schéma narratif, c’est à dire les cinq étapes (en détaillant les péripéties) qui le composent. Indique ce schéma narratif en commentaire, et je te dirai si tu as réussi !