Le Meilleur des Mondes, d’Aldous Huxley

Meilleur des mondes

Voilà un roman qui fait beaucoup parler de lui depuis sa parution, en 1932 ! On y fait souvent référence lorsque plane l’ombre du totalitarisme et surtout de l’eugénisme (lien vers Bienvenue à Gattaca ?), c’est-à-dire une ségrégation de la population par les gènes. Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley appartient au genre de la science-fiction, et plus précisément de la dystopie.

En effet, dans ce roman l’auteur britannique Aldous Huxley imagine un monde où la procréation n’est plus naturelle mais technologique. Il existe plusieurs classes sociales (nous y reviendrons) et les enfants sont conditionnés dès leur conception pour correspondre aux critères attribuées à chacune de ces classes sociales.

Quelles sont les différentes castes (ou classes sociales) du Meilleur des mondes ?

Les Alphas : ce sont ceux qui dirigent, qui ont tous les pouvoirs et tous les privilèges. Ils sont programmés pour être beaux, forts, intelligents. Ils correspondent dans notre monde à ce qu’on appelle « l’élite dirigeante », c’est-à-dire les personnes fortunées qui décident de tout, comme les présidents, les milliardaires, les rois, etc.

Les Bêtas : un peu moins intelligents et beaux que les Alphas, ils occupent quand même des places importantes de la société. Ils correspondent dans notre monde aux hauts-fonctionnaires, aux magistrats, aux patrons des très grandes entreprises, etc.

Les Gammas : ils font partie des castes inférieures, et sont juste en dessous des Bêtas. Ils correspondent dans notre monde à ce qu’on appelle « la classe moyenne », c’est-à-dire à ceux qui gagnent assez pour vivre décemment mais ne sont pas riches pour autant. Ce sont les employés de bureau, les enseignants, les comptables, les médecins de ville, etc.

Les Deltas : ils ont été conditionnés pour ne pas pouvoir être très intelligents, ni beaux, ni grands. Ils correspondent dans notre monde aux artisans, aux personnes qui ont des emplois précaires et sans formation poussée, comme serveur, assistante maternelle, vendeur de chaussures, etc.

et les Epsilons : eux ont été conditionnés pour être tout en bas de l’échelle sociale et n’être pas capable de suivre une formation ou de réaliser des tâches intellectuelles. Ils sont aussi conditionnés physiquement pour être petits et laids. Ils correspondent dans notre monde aux ouvriers, aux gens qui ont des « petits boulots ».

On voit donc qu’Aldous Huxley cherche à dénoncer les inégalités qui existent dans nos sociétés, en imaginant un système qui conditionne les gens de manière scientifique pour montrer que, dans notre réalité, il est aussi très difficile de changer de classe sociale en raison de conditionnements divers.

Pourquoi la solitude est suspecte dans le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley ?

Dans ce monde imaginé par Aldous Huxley, la vie sociale est obligatoire et ceux qui veulent s’y soustraire sont mal considérés. Pourquoi ? Parce que le fait de s’isoler conduit à réfléchir, plutôt que de constamment s’amuser et consommer comme il le leur est demandé. Or celui qui réfléchit peut être amené à comprendre que le système dans lequel il vit n’est pas forcément « le meilleur des mondes », et donc le critiquer, voire même penser à le changer. C’est pour cette raison que la solitude est considérée comme potentiellement subversive, c’est-à-dire dangereuse pour l’ordre établi.

De plus, dans ce roman, la sexualité doit être obligatoirement récréative (pas de procréation naturelle) et la fidélité est bannie. Les gens sont conditionnés dès leur plus jeune âge pour ne pas nouer de relations amoureuses profondes et durables. Pourquoi ? Pour les mêmes raisons que la solitude est mal considérée.

En effet, l’Amour conduit à vouloir le meilleur pour la personne aimée, et c’est encore plus vrai quand il s’agit de son enfant (en principe). Le fait que les enfants n’aient pas de parents et que le véritable Amour soit banni empêche les gens de se soucier les uns des autres, et abolit ainsi la notion d’entraide, de solidarité. Sans cette solidarité et cette entraide, ils ne sont pas capables de faire front commun pour se rebeller contre l’ordre établi, contre le type de société dans lequel ils vivent.

Pourquoi les personnages du Meilleur des Mondes sont-ils obligés de se droguer ?

Dans cette société mondiale, avec un gouvernement mondial, tout le monde vit dans le même système, à l’exception des réserves de « sauvages » (nous y reviendrons). Ils sont obligés de prendre du « soma », une drogue destinée à leur faire oublier tous leurs soucis et surtout leur mal-être.

A première vue, cela peut sembler une bonne chose d’étouffer – avec un médicament – les émotions négatives, car c’est beaucoup plus agréable de vivre sans peur, sans colère, sans tristesse, etc. Mais les émotions négatives ont aussi une fonction vitale importante : nous renseigner sur ce que nous ne pouvons pas accepter, ou sur ce qui doit être modifié pour que nous nous sentions mieux.

En supprimant par le soma les émotions négatives, les dirigeants de ce « Meilleur des mondes » s’assurent que la population ne se rebellera pas car elle ne sera pas consciente de tout ce qui ne va pas.

John, le « Sauvage » est la métaphore de la normalité

Les personnages de Bernard et de Lénina se rendent dans une réserve de « sauvages », c’est-à-dire de personnes qui vivent normalement, en s’aimant, en ayant des enfants, et dans un monde qui n’est pas totalement aseptisé et conditionné. Ils rencontrent John, qui veut découvrir le « Meilleur des mondes ».

Mais celui-ci est épouvanté quand il se rend compte que ce système profondément inégalitaire, injuste et ultra-technologique n’est pas le paradis qui lui a été présenté. Il est capable de s’en rendre compte car il ne prend pas de soma, d’une part, et qu’il a l’expérience d’une société différente, d’autre part.

Comme il n’a pas le droit de retourner dans son île, John essaye de s’habituer à ce monde mais n’y parvient pas et s’isole dans un phare pour ne plus avoir à supporter l’horreur de ce qu’il constate chaque jour. Mais il est amoureux de Lénina et n’arrive pas à vivre en faisant semblant de ne pas savoir ce qu’est le véritable amour. Cela finira par le conduire au suicide.

John est une métaphore de la normalité en ce sens que les personnes qui n’ont pas été conditionnées et droguées sont capables de voir que le monde présenté dans ce roman n’a rien de merveilleux, contrairement à ce que prétendent ses dirigeants. Les personnes normales ont besoin d’amour et de sentiments, d’émotions et de justice.

Après avoir lu le roman, répondez à ces questions :

  1. Citez une des devises de la société décrite dans le roman. Qu’en pensez-vous ?
  2. Quelles sont les raisons invoquées pour justifier que les enfants soient conçus artificiellement ?
  3. Qu’est-ce que le SOMA ?
  4. En quoi consiste le « conditionnement » ? Qu’en pensez-vous ?
  5. A quel type de tâches sont destinés les « Epsilons » ?
  6. Qui est Bernard Marx ?
  7. Qui est John ?
  8. Qui est Mustapha Menier ? Quel est son rôle dans cette société ?
  9. Que pensez-vous de ce type de société ? Etayez votre réponse avec deux ou trois arguments.
  10. Le roman a été rédigé en 1932. Peut-on dire qu’Aldous Huxley était visionnaire ? Pourquoi ?

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