Comment rédiger un (bon) portrait ?

portrait

Etudier ou rédiger un portrait

Comment présenter un personnage ? Donner une idée de son caractère ?

Un auteur peut donner de nombreux indices sur un personnage :

  • en décrivant ses actions
  • en lui laissant la parole dans des dialogues

Mais il organise parfois sa présentation en un portrait, qui peut comporter les éléments suivants.

a. Le portrait physique

  • Il peut par exemple donner des détails sur :
    • le corps : sa taille, sa corpulence (lourd ou léger), ses proportions (équilibrées ou non), sa démarche ;
    • la tête : le front est-il large ou étroit, le nez en trompette ou droit, les yeux bleus ou marron, en amande ou globuleux, la bouche est-elle petite, les oreilles décollées, le menton arrondi ? On peut donner d’autres précisions, évoquer la forme du visage, la couleur des cheveux, etc.

b. Le portrait moral

  • Quelles sont les qualités et les défauts de ce personnage ?
    • Est-il fier de lui ou humble ? a-t-il de l’énergie ou est-il paresseux ? 
    • Est-il lâche ou courageux ?
    • Comment se comporte-t-il avec les autres ? dans son travail ?
    • Est-il honnête ou fourbe ? intéressé ou altruiste ? violent ou doux ? silencieux ou bavard ?, etc.

Voilà un plan assez précis que vous pouvez suivre pour faire un portrait :

a / L’écriture d’un portrait est réussie lorsqu’il ressort de la description une impression générale du personnage. Commencez alors par dresser les grandes lignes de votre portrait. Établissez quelles sont les caractéristiques principales de votre personnage : ses qualités, ses défauts, peut-être même ses forces et ses faiblesses.

b / Continuez ensuite le portrait en détaillant les différentes parties du corps et leurs adjectifs descriptifs propres (définition par la forme, la taille, la couleur de peau, la taille, la corpulence, etc) . On peut commen­cer par décrire l’ensemble pour finir par le visage et vice-versa.

c / Enfin, récapitulez l’ensemble en revenant à l’impression générale.

Il est important de varier vos mots, d’utiliser un vocabulaire précis. On doit pouvoir obtenir un portrait crédible, cohérent et facile à ima­giner ou à s’approprier pour le lecteur.

Pensez à diversifier vos phrases pour éviter des redondances et donner de la vivacité au portrait. Par exemple, vous pouvez entrecouper le texte de phrases exclamatives ou interroga­tives.

Exemples de portraits

Le vieil homme était maigre et sec, avec des rides comme des coups de couteau sur la nuque. Des taches brunes causées par la réverbération du soleil sur la mer des Tropiques marquaient ses joues ; elles couvraient presque entièrement les deux côtés de son visage ; ses mains portaient les entailles profondes que font les filins au bout desquels se débattent les lourds poissons… Tout en lui était vieux, sauf son regard qui était gai et brave, et qui avait la couleur de la mer. Ernest Hemingway – Le vieil homme et la mer.

Ugolin venait d’atteindre ses vingt-quatre ans. Il n’était pas grand, et maigre comme une chèvre, mais large d’épaules, et durement musclé. Sous une tignasse rousse et frisée, il n’avait qu’un sourcil en deux ondulations au-dessus d’un nez légèrement tordu vers la droite, et assez fort, mais heureusement raccourci par une moustache épointée qui cachait sa lèvre ; enfin ses yeux jaunes, bordés de cils rouges, n’avaient pas un instant de repos, et ils regardaient sans cesse de tous côtés, comme ceux d’une bête qui craint une surprise. De temps à autre, un tic faisait brusquement remonter ses pommettes, et ses yeux clignotaient trois fois de suite : on disait au village qu’il « parpelégeait » comme les étoiles. Marcel Pagnol, Jean de Florette

Organiser le portrait

La description et le portrait s’organisent le plus souvent du général au particulier c’est-à-dire que l’on commence par donner des indications globales sur le lieu ou le personnage, puis l’on donne des indications de plus en plus précises (détails). Dans le portrait, le lecteur peut mieux connaître le personnage grâce à son identité (son âge, son sexe,…), son aspect physique, son caractère (portrait moral), son rôle social (son origine sociale, sa profession), ses actions, la manière dont il parle, ce que disent de lui les autres personnages tout au long du récit. Le portrait, le dialogue, la description du cadre de vie, les pensées… Le romancier utilise ces procédés pour faire exister et caractériser des personnages. Question : Quels indices permettent d’établir l’identité d’un personnage ?

  • L’identité : nom, prénom, âge, nationalité, famille, lieu de résidence, activité, surnom…
  • Le physique : particularités physiques choisies par l’auteur, détails donnent vie au personnage-
  • La psychologie du personnage : caractère, réaction, comportement, pour expliquer le rôle que le personnage joue dans un récit, et cela de façon directe ou indirecte :
  • Indices directs : apportés par le narrateur, un autre personnage, ou par le héros…
  • Indices indirects : geste, parole, action, détail vestimentaire, habitude…

A retenir : En bref, dresser le portrait d’un personnage, c’est donner des indications de 3 ordres différents : Identité, physique et psychologie (caractère)

Rédiger un portrait physique

Aspect général : 

-l’âge (adolescent, jeune, vieux…)    -la taille (coustaud, trapu, haut…) -la masse (mince, gros,ventru,obèse, corpulent…) – l’attitude (leste, souple, gracieux, prompt…). – l’occupation: (vétérinaire, architecte, fabricant, juge, dentiste, fermier…)

Le visage :

-Le visage peut être (maigre, osseux, ridé, lisse…). -Sa forme (ovale, carré, arrondi…). -Le teint (blanc, brun, rose, injecté de sang, bronzé, blême…). -La physionomie (gaie, triste, froide, souriante…). -Les cheveux (châtains, roux, ondulés, dorés, fauve, lisses, crépus, touffus…). -Le front (étroit, large, bombé, aplati…). -Les yeux (flamboyants, enfoncés, vifs, étincelants, cernés, tombants, larmoyants…). -Le nez (retroussé, camus, en bec d’aigle, crochu…). -La bouche (mince, charnue, épaisse, souriante, entrouverte…). -Les joues (pommettes, creusées, joufflues…). -Le menton (rond, carré, pointu…).

Les membres

Les épaules (larges, étroites, carrées…). Les mains (douces, fines, massives, musclées, ridées…). Les jambes (musclées, grosses, arquées, élancées…). La démarche (majestueuse, gracieuse, vive, fière, raide, boiteuse, élégante…).  

Rédiger le portrait moral

-Les qualités intellectuelles du personnage (instruit, cultivé, intelligent, sage, lucide, savant…). -Les qualités morales (généreux, charitable, loyal, honnête, franc, aimable, ambitieux…). -Les défauts intellectuels (illettré, analphabète, inculte, idiot, débile…). -Les défauts moraux (impoli, avare, hypocrite, curieux, arrogant, odieux…).  

 Quelques conseils :

Il faut enrichir le portrait par :

– des comparaisons et des métaphores :

Exemple : Des yeux de biche (métaphore), une allure de Goliath (métaphore), des mains d’artiste (métaphore), des cuisses comme des troncs d’arbre (comparaison), un regard aussi limpide qu’une source (comparaison).

– des oppositions :

Exemple : Elle aurait bien voulu être habile, mais elle ne faisait que des catastrophes.

-des qualifications :

Exemple : Il avait des yeux bleu vif qui reflétaient sa sincérité. Sa taille fine traduisait sa souplesse et son dynamisme. Son sourire lumineux inspirait confiance et respect. Ses cheveux lisses, soyeux, regorgent de vitalité.

L’utilisation trop fréquente des verbes être et avoir manque d’originalité et alourdit la phrase. Donc  il faut regrouper toutes les composantes du portrait en une seule phrase (ou deux-trois) en se contentant d’un seul verbe.

Exemple : Jawad était un grand garçon, aux yeux bleus et aux cheveux bruns, à l’allure vigoureuse et au sourire malin. Il aimait passer de longues heures dans la forêt et s’amusait beaucoup à fabriquer de petits animaux avec toute sortes de choses qu’il ramassait dans les bois.

Pour donner à votre phrase plus d’originalité et pour éviter les clichés, vous pouvez avoir recours à un présentatif ou à une tournure exclamative ou interrogative.

Exemple : Qu’elle était belle, Houda ! Cette grande jeune fille aux cheveux blonds et au visage d’ange…

Employez les verbes qui décrivent l’attitude ou le mouvement du personnage. Exemple : Se courber, se renverser, haleter…

Dans la conclusion, il est à conseiller de mettre les impressions personnelles sur le personnage.

Voici un exemple de portrait particulièrement réussi :

Portrait de Javert dans les Misérables de Victor Hugo Les Misérables (1862), première partie, livre cinquième, chapitre V

Javert était né dans une prison d’une tireuse de cartes dont le mari était aux galères. En grandissant, il pensa qu’il était en dehors de la société et désespéra d’y rentrer jamais. Il remarqua que la société maintient irrémissiblement en dehors d’elle deux classes d’hommes, ceux qui l’attaquent et ceux qui la gardent ; il n’avait le choix qu’entre ces deux classes ; en même temps il se sentait je ne sais quel fond de rigidité, de régularité et de probité, compliqué d’une inexprimable haine pour cette race de bohèmes dont il était. Il entra dans la police. Il y réussit. À quarante ans il était inspecteur. Il avait dans sa jeunesse été employé dans les chiourmes du midi. Avant d’aller plus loin, entendons-nous sur ce mot face humaine que nous appliquions tout à l’heure à Javert. La face humaine de Javert consistait en un nez camard, avec deux profondes narines vers lesquelles montaient sur ses deux joues d’énormes favoris. On se sentait mal à l’aise la première fois qu’on voyait ces deux forêts et ces deux cavernes. Quand Javert riait, ce qui était rare et terrible, ses lèvres minces s’écartaient, et laissaient voir, non seulement ses dents, mais ses gencives, et il se faisait autour de son nez un plissement épaté et sauvage comme sur un mufle de bête fauve. Javert sérieux était un dogue ; lorsqu’il riait, c’était un tigre. Du reste, peu de crâne, beaucoup de mâchoire, les cheveux cachant le front et tombant sur les sourcils, entre les deux yeux un froncement central permanent comme une étoile de colère, le regard obscur, la bouche pincée et redoutable, l’air du commandement féroce. Cet homme était composé de deux sentiments très simples, et relativement très bons, mais qu’il faisait presque mauvais à force de les exagérer : le respect de l’autorité, la haine de la rébellion ; et à ses yeux le vol, le meurtre, tous les crimes, n’étaient que des formes de la rébellion. Il enveloppait dans une sorte de foi aveugle et profonde tout ce qui a une fonction dans l’état, depuis le premier ministre jusqu’au garde champêtre. Il couvrait de mépris, d’aversion et de dégoût tout ce qui avait franchi une fois le seuil légal du mal. Il était absolu et n’admettait pas d’exceptions. D’une part il disait : – Le fonctionnaire ne peut se tromper ; le magistrat n’a jamais tort. – D’autre part il disait: – Ceux-ci sont irrémédiablement perdus. Rien de bon n’en peut sortir. – Il partageait pleinement l’opinion de ces esprits extrêmes qui attribuent à la loi humaine je ne sais quel pouvoir de faire ou, si l’on veut, de constater des damnés, et qui mettent un Styx au bas de la société. Il était stoïque, sérieux, austère ; rêveur triste ; humble et hautain comme les fanatiques. Son regard était une vrille. Cela était froid et cela perçait. Toute sa vie tenait dans ces deux mots : veiller et surveiller.

C’est à toi de jouer maintenant ! Voici une photo

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A toi d’en faire le portrait ! Fais-le dans les commentaires, et tu auras un retour sur ton travail (je te dirai s’il est réussi ou non).

(Crédits photos : Pixabay)

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