Syntaxe : comment construire une longue phrase correcte ?

phrase complexe

Dans une précédente vidéo, on a vu comment construire une phrase simple correcte. Il faut un sujet, un verbe conjugué, un complément du verbe, et éventuellement des compléments de phrase (compléments circonstanciels). Mais quand il s’agit de formuler quelque chose d’un peu plus élaboré, on a besoin d’une phrase complexe (c’est ainsi qu’on l’appelle en grammaire).

Par exemple : « Je suis fatigué » est une phrase simple. « Je suis fatigué parce que je me suis couché tard » est une phrase complexe.

ATTENTION : ce n’est pas parce qu’une phrase est très longue qu’elle est forcément complexe. Il peut y avoir de nombreux compléments circonstanciels dans la phrase, qui la rendent longue, mais s’il n’y a qu’un seul verbe conjugué, cela reste une phrase dite simple.

Exemple : Il y a trois ans, dans mon village natal, par un beau matin, j’ai croisé un loup de manière totalement inattendue et, pour tout dire, effrayante !

Dans cette phrase, il n’y a qu’un seul verbe conjugué (ai croisé) et tout le reste est constitué de compléments circonstanciels (ou compléments de phrase). C’est donc une phrase simple.

Pour bien comprendre ce cours, tu as besoin de savoir d’abord reconnaitre / identifier :

Si tu veux préfères étudier ce cours en vidéo (mais sans exercices corrigés), retrouve le ici :

Une phrase complexe comporte plusieurs propositions.

La phrase complexe se construit avec ce qu’on appelle des PROPOSITIONS. A ne pas confondre avec les PREPOSITIONS, qui sont de petits mots tels que à, de, par, pour, avec, sans, etc.

Une phrase complexe est composée d’au moins DEUX PROPOSITIONS. Mais on peut en mettre jusqu’à quatre ou cinq quand on maitrise bien la syntaxe ! Cependant, en général, une phrase complexe comporte seulement deux à trois propositions.

Qu’est-ce qu’une proposition en grammaire ?

Une proposition est constituée d’un VERBE CONJUGUÉ + son sujet + le complément du verbe. Donc une phrase complexe comporte au moins deux verbes conjugués.

Exemple : « Je suis fatigué parce que je me suis couché tard ».

Examinons les deux propositions de cette phrase complexe.

Le noyau, le cœur de chaque proposition est le VERBE CONJUGUÉ.

Proposition 1 : le verbe « suis » + son sujet (je) + le complément du verbe (fatigué). Je suis fatigué = proposition 1.

Proposition 2 : le verbe « suis couché » + son sujet (je) + le complément du verbe (me). Je me suis couché = proposition 2.

ATTENTION ! Dans cette phrase, « tard » est un complément circonstanciel (de temps) et ne fait donc pas partie des propositions. Tous les éléments qui ne dépendent pas du verbe ne font pas partie de la proposition.

Le mot « parce que », dans cette phrase, est ce qu’on appelle un SUBORDONNANT, un mot qui sert à relier les deux propositions entre elles, à les articuler. On considère qu’il fait partie de la proposition qu’il introduit.

Donc proposition 1 = je suis fatigué ; proposition 2 = parce que je me suis couché (+ tard = complément circonstanciel).

Les propositions constituent des unités de sens, elles expriment une information.

Vérifions d’abord que tu as bien compris ce qu’est une proposition !

Exercice 1 : délimite les propositions dans les phrases suivantes.

  1. Elle a attendu son mari toute la nuit et n’a pas fermé l’œil.
  2. En ce temps-là, on faisait des festins qui duraient plusieurs jours.
  3. Savez-vous si le train a du retard ?
  4. Nous aimerions partir en vacances en Provence et que vous nous y rejoigniez.
  5. Dans quelques mois, vous aurez la possibilité de faire un séjour en France et vous y découvrirez la culture française.
  6. Ma mère est inquiète car ma sœur a sans cesse mal au ventre.
  7. J’aurais souhaité que tu fasses plus attention à mes instructions.
  8. Tu dois décider rapidement quelle voie professionnelle tu veux choisir.

Après avoir fait cet exercice, télécharge la correction pour vérifier que tu as bien compris comment reconnaitre une proposition. C’est en effet indispensable pour comprendre la suite de ce cours !

Les différentes sortes de propositions dans la phrase complexe

Il y a plusieurs manières de relier les propositions entre elles dans une phrase complexe.

  • On peut les juxtaposer (juxtaposition)
  • On peut les coordonner (coordination)
  • On peut les subordonner (subordination)

Ces trois manières différentes de relier les propositions entre elles forment la richesse (entre autre) de la syntaxe française !

La juxtaposition

C’est la manière la plus simple de relier les propositions, mais elle n’apporte pas beaucoup de sens à la phrase. Quand on juxtapose des propositions, on les relie par un signe de ponctuation, qui est :

  • Soit la virgule ,
  • Soit le point-virgule ;
  • Soit le deux points :

Exemples :

  1. [Je me suis couché] tard hier soir : [je suis fatigué]. (les deux points indiquent qu’on donne ensuite une explication). Rappelons que « tard » et « hier soir » sont des compléments circonstanciels et ne font donc pas partie des [propositions].
  2. [Je me suis couché] tard hier soir, [je suis fatigué]. Dans ce cas les deux propositions sont reliées par une virgule, mais le rapport entre les deux n’est pas clair, n’est pas exprimé.
  • [Je me suis couché] tard hier soir ; [je suis fatigué]. Dans ce cas, le rapport entre les deux propositions n’est pas non plus clairement exprimé, même si on le devine (ce n’est pas toujours le cas).

La juxtaposition (séparer les propositions par une virgule OU un point-virgule OU un deux points) est à utiliser avec parcimonie (peu souvent) ou pour un usage littéraire, quand on veut exprimer de nombreuses actions qui se suivent sur un rythme rapide.

ATTENTION ! La tendance est forte de juxtaposer les propositions dans une très longue phrase pleine de virgules, du type : Je suis fatigué, je me suis couché tard, je n’arrive pas à travailler efficacement, je voudrais rentrer chez moi, j’ai besoin de café. Il faut savoir que cette syntaxe est INCORRECTE ! La juxtaposition ne doit relier que deux propositions (sauf pour un usage littéraire). Pour cet exemple, une syntaxe correcte utilisera plusieurs phrases simples, séparées par des points : Je suis fatigué. Je me suis couché tard. Je n’arrive pas à travailler efficacement, je voudrais rentrer chez moi. J’ai besoin d’un café.

REMARQUE Importante : Quand les propositions sont juxtaposées, elles peuvent constituer deux phrases simples. Exemple : J’ai faim : je vais acheter un sandwich. On peut aussi écrire deux phrases simples (séparées par un point). J’ai faim. Je vais acheter un sandwich.

La coordination

Une autre manière de relier les propositions consiste à les coordonner, au moyen d’une CONJONCTION DE COORDINATION.

Les conjonctions de coordination expriment un rapport de sens entre les deux propositions (les deux unités de sens).

MAIS : opposition

OU : alternative, choix

ET : ajout, addition d’information

DONC : conséquence

OR : cause

NI : négation

CAR : cause

Mais-ou-et-donc-or-ni-car (mais où est donc Ornicar ?) est un moyen de se rappeler la liste des conjonctions de coordination.

Exemples

[Je suis fatigué] car [je me suis couché] tard. (la cause de ma fatigue est mon coucher tardif).

[Je suis fatigué] mais [je me suis couché] tôt. (opposition entre le moment du coucher et la fatigue constatée).

[Je me suis couché] tard donc [je suis fatigué]. (la fatigue est la conséquence de mon coucher tardif).

[Je suis fatigué] ou [je suis en pleine forme] (choix entre deux alternatives).

La coordination est donc plus riche de sens que la juxtaposition, quand on relie des propositions entre elles pour faire une phrase complexe. On peut aller jusqu’à trois ou quatre propositions coordonnées, comme dans l’exemple suivants (les propositions sont entre crochets) :

[Je me suis couché] tard donc [je suis fatigué] mais [j’ai bu du café] et [je me sens opérationnel]. 4 verbes conjugués = 4 propositions.

[Je cherche un travail], or [je n’ai pas de voiture] donc [cela me complique les choses pour les entretiens d’embauche]. 3 verbes conjugués = trois propositions.

REMARQUE : pour une phrase correcte, on n’utilise pas deux fois la même conjonction de coordination dans une phrase. Si on veut exprimer plusieurs fois l’opposition, ou plusieurs fois l’ajout d’une information (ou plusieurs conséquences, etc), il faut alors faire plusieurs phrases. Ainsi la phrase suivante n’est pas correcte au niveau syntaxique : Je cherche un travail mais je n’ai pas de voiture mais il n’y as pas de bus non plus donc cela complique les choses pour les entretiens.  

On écrira plutôt : Je cherche un travail mais je n’ai pas de voiture. Il n’y a pas de bus non plus, donc cela complique les choses pour les entretiens d’embauche.

REMARQUE 2 : Il peut y avoir des virgules quand les propositions sont coordonnées, mais la présence d’une virgule ne signifie pas que les propositions sont juxtaposées ! C’est vraiment ce qui relie les propositions qui doit être pris en compte. Dès qu’il y a présence d’une conjonction de coordination, et même s’il y a AUSSI une virgule, alors les propositions sont obligatoirement coordonnées (et non juxtaposées).

On peut combiner la juxtaposition et la coordination dans une phrase complexe. Exemples :

  • [Je suis content] car [tu as obtenu ton diplôme], [c’est une très bonne nouvelle] ! (3 verbes conjugués = 3 propositions).

Proposition 1 [je suis content] est coordonnée (par la conjonction de coordination CAR) à la proposition 2 [tu as obtenu ton diplôme]. La proposition 2 est juxtaposée (par la virgule) à la proposition 3 [c’est une bonne nouvelle].

  • [Nous sommes en retard], or [le taxi nous attend: [nous devons nous dépêcher] ! (3 verbes conjugués = 3 propositions)

Proposition 1 [nous sommes en retard] est coordonnée (par la conjonction de coordination OR) à la proposition 2 [le taxi nous attend]. La proposition 2 est juxtaposée (par le deux points : ) à la proposition 3 [nous devons nous dépêcher].

  • [Le printemps arrive; [c’est magnifique] et [tout le monde se réjouit] ! (3 verbes conjugués = 3 propositions).

Proposition 1 [le printemps arrive] est juxtaposée à la proposition 2 (par le point-virgule ; ). La proposition 2 [c’est magnifique] est coordonnée à la proposition 3 (par la conjonction de coordination ET) [tout le monde se réjouit].

REMARQUE : quand les propositions sont juxtaposées ou coordonnées, on dit qu’elles sont INDEPENDANTES car elles peuvent fonctionner comme des unités de sens sans avoir besoin l’une de l’autre. Chaque proposition pourrait devenir une phrase simple.

Les trois signes de ponctuation qui permettent la juxtaposition et les conjonction de coordination qui permettent de relier par coordination, ne font pas partie des propositions indépendantes.

EXERCICE 2 : Dans les phrases suivantes, délimite les propositions et indique si elles sont coordonnées ou juxtaposées. Attention à bien repérer les compléments circonstanciels, qui ne font pas partie des propositions !

  1. Dans cette entreprise, nous avons de nombreux employés et des conditions de travail optimales.
  2. Les enfants couraient joyeusement mais ne faisaient pas assez attention ; l’un d’eux se blessa grièvement.
  3. Avez-vous entendu parler de cet homme ou ignorez-vous encore son histoire ?
  4. Depuis quelques jours Marie présente des symptômes de la grippe mais le médecin est en vacances.
  5. Le soleil brillait, nous étions détendus sur la plage et nous profitions de ce moment parfait.
  6. Mon frère et moi avions parcouru un long chemin donc nous étions épuisés.
  7. Il faudrait emmener le chien en promenade, il semble s’ennuyer car nous ne passons pas assez de temps avec lui.

Télécharge ici la correction des exercices

La subordination

La dernière manière de relier des propositions entre elles est la subordination. Dans ce cas, on a une PROPOSITION PRINCIPALE (la cheffe, celle qui est la plus importante dans la phrase) et une proposition subordonnée (qui dépend de la proposition principale). Quand on utilise la subordination, les propositions ne sont pas indépendantes : elles ont besoin l’une de l’autre pour que la phrase ait du sens.

Les propositions subordonnées servent à donner des informations

  • sur un NOM ou un Groupe nominal (proposition subordonnée relative)
  • ou sur un VERBE (proposition subordonnée complétive)
  • ou sur une CIRCONSTANCE (proposition subordonnée circonstancielle).

La différence avec un adjectif (qui complète un nom) ou un complément circonstanciel (qui indique une circonstance de l’action) est que le groupe de mot comporte un verbe conjugué.

Il y a plusieurs sortes de propositions subordonnées :

Dans les propositions conjonctives, on distingue les propositions subordonnées complétives (qui complètent un verbe) et les propositions circonstancielles (qui renseignent sur les circonstances).

Dans ce cours, on ne va pas trop entrer dans les détails de ces différents types de propositions, l’essentiel étant de comprendre comment on construit une phrase complexe correcte.

Les propositions subordonnées sont toujours introduites par un mot subordonnant. Ce mot subordonnant peut être :

  • Un pronom relatif (qui – que – quoi- dont – où – lequel – laquelle – lesquels – duquel – desquels, etc.)- Dans ce cas la proposition subordonnée est appelée « relative ».
  • Une conjonction de subordination (ou locution conjonctive, c’est-à-dire une conjonction de subordination constituée de deux mots) : que, quand, comme, si, lorsque, puisque, quoique, si bien que, ainsi que, vu que, alors que, à moins que, après que, depuis que, parce -que, etc.

Contrairement à la juxtaposition et la coordination, le mot subordonnant fait partie de la proposition subordonnée.

Voyons quelques exemples de phrases complexes avec des propositions subordonnées.

  • [Je suis certaine] [que tu peux y arriver]. (2 verbes conjugués = 2 propositions)

La proposition principale [Je suis certaine] est reliée à la proposition subordonnée [(que) tu peux y arriver] par la conjonction de subordination « que ».

  • [Cet homme, [qui est très âgé], part bientôt en retraite]. (2 verbes conjugués = 2 propositions)

La proposition principale [cet homme part bientôt en retraite] est reliée à la proposition subordonnée [qui est très âgé] par le pronom relatif « qui ».

REMARQUE : la proposition subordonnée relative est souvent enchâssée dans la proposition principale (à l’intérieur de celle-ci), comme dans l’exemple qui précède. Ce n’est jamais le cas de la proposition subordonnée complétive.

  • [Nous voulons] absolument [que vous veniez à cette réunion] et [que vous preniez des notes]. (3 verbes conjugués = 3 propositions)

La proposition principale [nous voulons] est reliée à la proposition subordonnée [que vous veniez à cette réunion] par la conjonction de subordination « que », et à une seconde proposition subordonnée [que vous preniez des notes] par une autre conjonction de subordination « que ».

REMARQUE : vous avez peut-être vu qu’il y avait un « et » dans cette phrase. Mais les propositions 2 et 3 ne sont pas coordonnées car la 3e proposition [que vous preniez des notes] est reliée à la proposition principale ([nous voulons ]), et pas à la seconde proposition [que vous veniez à cette réunion]. C’est le sens qui prime, qui doit être pris en compte. Dans l’exemple ci-dessus, les deux propositions subordonnées complètent le verbe « voulons » (elles sont COD de ce verbe).

  • [Quand vous aurez fini de vous amuser], [vous viendrez nous aider] ! (2 verbes conjugués = 2 propositions).

La proposition principale [vous viendrez nous aider] est reliée à la proposition subordonnée circonstancielle de temps [quand vous aurez fini de vous amuser] par la conjonction de subordination « quand » (même si celle-ci est en début de phrase. On aurait aussi bien pu dire ou écrire : Vous viendrez nous aider quand vous aurez fini de vous amuser !).

Exercice 3 : Délimite les propositions dans les phrases suivantes et indique si elles sont juxtaposées, coordonnées ou subordonnées entre elles.

  1. Il est impératif que vous suiviez scrupuleusement nos instructions.
  2. Savez-vous si le train aura du retard ?
  3. Il y a deux façons de voir la chose : celle qui est optimiste et celle qui est pessimiste.
  4. Nous ne signerons pas ce contrat car les termes n’en sont pas assez clairs.
  5. La neige tombait depuis des jours et je n’avais pas vu âme qui vive.
  6. Jean était fou de joie, il bondissait partout, si bien que je me demandais pourquoi.
  7. Je me demande quand cet enfant deviendra enfin sage !
  8. Ma femme, qui gagne plus d’argent que moi, me comble de cadeaux.
  9. Diriez-vous que c’est un échec ou que ça n’a simplement pas marché ?
  10. Ce professeur, qui était très attentif à ses élèves, avait en outre une grande qualité : il était très patient.

Télécharge la correction de l’exercice pour voir si tu as tout bien compris, et apprends de tes erreurs !

Voilà, tu sais maintenant quelles sont tes différentes possibilités pour construire des phrases complexes correctes !

A retenir : Pour bien rédiger, il est préférable de faire un mix de ces différentes phrases complexes. Tu peux combiner la juxtaposition, la coordination et la subordination dans tes phrases. Tu peux aussi faire une phrase complexe coordonnée, puis une autre phrase complexe juxtaposée, puis une autre phrase complexe avec une subordonnée. La règle générale est de ne pas toujours utiliser le même type de phrases complexes dans un texte. Et bien sûr, tu peux aussi utiliser des phrases simples dans ton texte !

Pour bien construire tes phrases, évite absolument de construire des phrases comportant plus de trois propositions. Quatre proposition est vraiment un maximum à ne pas dépasser !

Dans un prochain cours, je t’enseignerai comment bien reconnaitre les différentes sortes de propositions subordonnées. A bientôt !

Tu peux télécharger le cours complet ici, avec les exercices corrigés.

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