Comment analyser et ponctuer les paroles rapportées ?

paroles rapportées


Dans un récit, il est fréquent de voir des personnages qui parlent. Mais il n’y a pas qu’une seule manière d’insérer ces dialogues ou réflexions prononcées à voix haute, de rapporter ces paroles. Il existe en effet trois façons différentes d’introduire les paroles rapportées et chacune entraine un effet particulier sur le lecteur.


Avant de commencer l’explication des trois sortes de discours (ou paroles) rapportés, une chose est à retenir : il ne faut pas confondre les paroles rapportées dans un récit et le théâtre, qui est un genre à part entière où prédomine les dialogues. Nous parlons bien ici de récit, c’est-à-dire d’une histoire qui est racontée par un narrateur, avec l’intervention de personnages qui, de temps en temps, s’expriment. Dans une pièce de théâtre, c’est l’ensemble de l’histoire qui se construit à travers les dialogues des personnages, contrairement au récit (roman, conte, nouvelle…) qui présente des événements et des actions racontés le plus souvent au passé (passé simple et imparfait) par un narrateur. Les paroles rapportées y sont minoritaires (en général) par rapport à la narration.


I. Les paroles rapportées au style direct

On parle de style direct quand les paroles sont rapportées directement, c’est-à-dire sans filtre du narrateur, sans qu’il intervienne d’une manière ou d’une autre. Dans ce cas, ce que dit le personnage est encadré de guillemets (voir exemple 1). Si plusieurs personnages parlent ensemble, on aura recours à des tirets, avec les guillemets seulement au début et à la fin de leur échange/dialogue (voir exemple 2). La ponctuation du dialogue est importante car elle permet de comprendre qui parle.


Exemple 1 : Nadine n’était pas du tout d’accord avec moi. Sa colère était visible. Incapable de se contenir, elle s’écria* : « Jamais, tu m’entends, jamais je ne reviendrai en arrière ! ». J’essayai encore de la convaincre de bien réfléchir aux conséquences.


Exemple 2 :
Nadine n’était pas du tout d’accord avec moi. Sa colère était visible. Incapable de se contenir, elle s’écria* :
« – Jamais, tu m’entends, jamais je ne reviendrai en arrière !Tu devrais réfléchir encore un peu. Les conséquences pourraient être terribles.

– Non, je ne changerai pas d’avis, quoi qu’il arrive ! »
Vaincu, je n’insistai pas davantage*.

*les parties en italique correspondent au récit. Ce qui n’est pas en italique est du discours, c’est-à-dire des paroles rapportées, ici au style direct.

Avec les paroles rapportées au style direct, tout se passe comme si le lecteur entendait le personnage parler, comme s’il était à ses côtés. Cela rend le récit plus vivant. Le langage oral permet aussi de mettre en évidence la personnalité du personnage (son vocabulaire, sa syntaxe, ses habitudes et tics de langage, ses exclamations, etc.).
On utilise des verbes de parole (dire, s’écrier, murmurer, rugir, répondre, demander, clamer, chuchoter, claironner, etc.) pour préciser la manière dont sont prononcées ces paroles.

II. Les paroles rapportées au style indirect

On parle de style indirect quand les paroles sont rapportées indirectement par le narrateur, qui les intègre à son récit avec :
• Un verbe de parole
• Une proposition subordonnée.

Dans ce cas, il n’y a pas de ponctuation spécifique à utiliser.

Exemple : Nadine n’était pas du tout d’accord avec moi. Sa colère était visible. Incapable de se contenir, elle s’écria que jamais elle ne reviendrait en arrière. J’essayai encore de la convaincre de bien réfléchir aux conséquences.

La structure de paroles rapportées au style indirect est donc : verbe de parole conjugué + que ou un autre mot subordonnant + les paroles prononcées par le personnage en respectant la concordance des temps.

Le style indirect est moins vivant, moins révélateur que le style direct, mais il permet d’insérer quelques paroles de manière élégante sans interrompre le rythme du récit. On ne l’utilise jamais pou un dialogue entre deux personnes, mais seulement pour rapporter les paroles d’un seul personnage. Le style indirect retranscrit fidèlement les paroles du personnages : seul le temps des verbes est modifié.

Attention ! les marques de temps ne sont pas les mêmes au discours direct (aujourd’hui, demain, hier) qu’au discours indirect (ce jour-là, le lendemain, la veille).

III. Les paroles rapportées au style indirect libre

Il existe une troisième façon de rapporter des paroles dans un récit : c’est le style indirect libre. Il est moins aisément reconnaissable que le style direct et le style indirect car il n’y a aucune marque de ponctuation spécifique, ni de verbe de parole, ni de subordination. Tout se passe comme si le lecteur pouvait lire dans les pensées de celui qui parle. Le locuteur (celui qui parle) n’est pas identifié de manière précise, le discours est totalement intégré à la narration. Le style indirect libre est utilisé principalement dans les récits littéraires et pour les monologues intérieurs (quand le personnage se parle dans sa tête).

Exemple : Nadine n’était pas du tout d’accord avec moi. Sa colère était visible. Elle ne reviendrait pas en arrière. J’essayai encore de la convaincre de bien réfléchir aux conséquences mais il n’était pas question pour elle de changer d’avis. Vaincu, je n’insistai pas davantage.

Dans cet exemple, tout ce qui est en gras relève du discours indirect libre : on peut imaginer ce que disent les deux personnages (et le transposer au style direct ou indirect) mais aucune marque formelle du texte ne signale qu’il s’agit de paroles rapportées.

On retrouve parfois des expressions typiques de l’oralité dans le discours indirect libre, comme dans l’exemple suivant (extrait de Tropismes, de Nathalie Sarraute) :

« Elle se tenait assise, les mains croisées sur son sac assorti, souriante, hochant la tête, apitoyée, oui, bien sûr elle avait entendu raconter, elle savait comme l’agonie de leur grand-mère avait duré, c’est qu’elle était si forte, pensez donc, elle avait conservé toutes ses dents à son âge… Et Madeleine ? Ah, les hommes, s’ils pouvaient mettre au monde des enfants, ils n’en auraient qu’un seul, bien sûr, ils ne recommenceraient pas deux fois, sa mère, la pauvre femme, le répétait toujours. ».

Il existe une quatrième forme de paroles rapportées : le discours narrativisé. Dans ce cas les paroles du personnage sont résumées et on ne peut pas les transposer au style direct car on en ignore le contenu exact.
Exemple : « Elle s’est débarrassée de sa jaquette, s’est assise et a consulté fiévreusement la carte. Elle a appelé Céleste et a commandé immédiatement tous ses plats d’une voix à la fois précise et précipitée » (extrait de L’étranger de Camus).

Exercices sur les paroles rapportées

1) Identifier le style de parole rapportée dans chacune des phrases suivantes :
• Les infos ont annoncé qu’à partir de ce jour-là le prix des produits laitiers allait augmenter.
• Papa m’a dit : » Fais attention à ta cheville, tu t’es déjà fais mal en jouant au foot. »
• Ma sœur a souhaité que je m’en aille.
• Suzy m’a informé qu’elle ne devait pas être là mais qu’elle était venue pour moi.
• La classe intriguée a voulu en savoir davantage. Qu’allaient-ils faire ?
• Le libraire m’a assuré que je trouverais ce livre passionnant.
• Je lui ai répondu:  » C’est toi qui as une tête de martien ! « 
• Mon père proposa de couper la volaille. Ce n’était quand même pas bien difficile !
• « Nos parents nous ont laissé un message ! » cria-t-il.
• Le roi a demandé au maréchal ce qu’il pensait de ce madrigal.

2) Transposez les phrases suivantes au style direct.
• Elise répondit qu’elle acceptait bien volontiers cette invitation.
• Le roi avait insisté pour que tous les convives participent au banquet du lendemain, qui réserverait bien des surprises.
• Nous étions surpris et demandâmes au maitre des lieux de nous fournir des explications.
• Alexandre en était absolument certain : s’il était riche, il saurait bien quoi faire de cet argent !
• ” Alors l’homme reconnut une fosse. Il fut repris de honte : à quoi bon ? Il n’y aurait pas de travail. “ (extrait de L’assommoir, Emile Zola, 1876)

3) Transposez les phrases ou passages suivants au style indirect.
• – Monsieur vous attend, Madame ; la soupe est servie. Et il fallut descendre ! il fallut se mettre à table ! (Flaubert, Madame Bovary, 1857)
• Qu’allait-il dire ? Il ne trouvait plus rien maintenant de ce qu’il avait raconté tout à l’heure, pas une anecdote, pas un fait, rien. Tout à coup, il pensa : « Il faut que je débute par mon départ ». (extrait de Bel-Ami de Maupassant).
• Il me dit : « Ne vous livrez pas trop au chagrin ; je suis disposé à vous rendre service ».

Télécharger la correction des exercices : ici.